NP : Nice-Premium : Patrick Allemand, quel est votre réaction après ce premier tour dans la
première circonscription niçoise ?
Patrick Allemand : Dans un contexte national difficile et un contexte départemental qui a donné
à l’UMP 8 circonscriptions sur 9, je suis satisfait de mon score –
sensiblement supérieur à celui de Ségolène Royal au 1er tour des
présidentielles – et plus encore de ma présence au second tour qui fait de
moi le seul candidat de gauche encore en lice dans notre département. Cela
dit, le ballotage m’est défavorable, c’est une évidence. Le parachutage
d’Eric Ciotti n’a pas fonctionné comme il l’avait espéré mais l’étiquette
UMP lui a mécaniquement assuré un score tout de même élevé.
NP : Vague, déferlante, tsunami de couleur bleue. Que pensez-vous des résultats
sur le plan local, régional national ?
Patrick Allemand :Nous sommes dans une élection dites de confirmation, comme après les
présidentielles de 1981, 1988 et 2002. Dans un contexte d’état de grâce, les
choses sont rendues très difficiles pour l’opposition, d’autant que la
majorité martèle le message que tout est joué pour démobiliser notre
électorat et pratique le débauchage de personnalités ayant appartenu à la
gauche pour semer le trouble.
Nous assistons donc à une vague qui s’avère être une déferlante dans tout le
Sud-Est et particulièrement dans les Alpes-Maritimes, qui est le département
le plus à droite de France. Mais je veux dire à tous les militants
socialistes et à tous les électeurs de gauche de ce département que rien
n’est perdu et que le combat continue. A Nice, Dominique Boy-Mottard, Paul
Cuturello et Elodie Jomat ont tous fait de très bonnes campagnes et ont
réalisé des scores honorables. Dans le reste du département aussi, nos
candidats se sont bien comportés. C’est l’UMP qui était très haut du fait du
siphonage du Front National qui a marché à plein ici à cause de l’absence de
leadership au FN et de la porosité qui existe entre droite et extrême droite
dans le Sud-Est.
Le seul endroit où la machine s’est grippée c’est dans la 1ère
circonscription où mon implantation locale, celle de mon suppléant Marc
Concas, et la contestation du parachutage d’E. Ciotti par une partie des
électeurs de droite fait qu’il y a un second tour et que tout est possible.
NP : Quel sera votre programme jusqu’au scrutin final ?
Patrick Allemand :Je serai inlassablement sur le terrain aux côtés de mes militants pour
convaincre et aller chercher les électeurs un par un. Je veux convaincre
tous ceux qui n’ont pas voté E. Ciotti au 1er tour et ceux qui se sont
abstenus que je suis le candidat du rassemblement et du pluralisme contre
l’homme d’un clan.
NP : Comment définiriez-vous votre adversaire ?
Patrick Allemand :Les qualités d’E. Ciotti s’expriment plus naturellement dans un bureau que
sur le terrain aux côtés des habitants, là où est la place d’un élu. La
dissidence et le score honorable de Jérôme Rivière, et surtout la virulence
inouï de la campagne entre les différents candidats de droite démontrent que
son atterrissage dans la circonscription a été très difficile.
C’est un homme qui est loin de faire l’unanimité dans son camp et qui a
constamment besoin de s’appuyer sur son étiquette et sur le soutien de son
patron pour exister. S’il est élu, il sera un député godillot de plus,
l’homme d’un clan, bref le contraire de ce que je veux incarner.
NP : Nicolas Sarkozy était présent à Nice mardi. Que pensez-vous de cette visite
azuréenne ?
Patrick Allemand :Cela montre bien la volonté de l’UMP et du clan auquel je faisais allusion
de régner sans partage et d’éradiquer toute opposition dans ce département.
8 circonscriptions sur 9 sont acquises à l’UMP et on déplace le Président de
la République en personne dans la seule circonscription où il reste un
doute. C’est me faire beaucoup d’honneur mais cette débauche de moyens est
indécente.
NP : Le Parti Socialiste vit une période très difficile. Pensez-vous aussi qu’une
refonte soit une nécessité après les législatives ?
Patrick Allemand :Bien sûr. Si nos valeurs doivent rester les mêmes, comme l’a dit Ségolène
Royal au lendemain de sa défaite au second tour de l’élection
présidentielle, il faut changer le logiciel de la gauche, pour mettre en
adéquation nos idées avec les attentes populaires et avec les évolutions
sociales qui sont très rapides.
Je reste persuadé que le pacte présidentiel était un bon projet pour la
France mais sur un certain nombre de questions nous devrons évoluer ou
affiner nos position, sans tabou et avec pour seul objectif de porter les
valeurs de la gauche qui elle, sont immuables.
NP : Le prochain scrutin sera municipal. Quelles seront les leçons à retenir pour
enrayer la spirale négative au PS et au sein de la gauche ?
Patrick Allemand :Le passé a montré plus d’une fois que les élections locales à Nice sont
déconnectés du contexte national. Je ne vais pas vous dire que perdre les
législatives est un avantage. Mais je pense sincèrement que cela
n’hypothèque rien pour l’avenir.
NP : Vous êtes le seul représentant de la gauche locale encore en lice. Grande
pression ou moral d’acier ?
Patrick Allemand : Les deux. Etre le seul candidat de gauche à être au second tour dans le
département me fait porter une responsabilité immense dans un contexte très
difficile. Mais je garde effectivement un moral d’acier car je porte les
espoirs de beaucoup d’hommes et de femmes de gauche dans la circonscription
et dans le département et cela me donne des forces supplémentaires pour me
battre jusqu’au bout.
NP : A combien estimez-vous les chances de l’emporter au second tour ?
Patrick Allemand :Je suis persuadé que la violence de la campagne a laissé des traces et il
faut s’attendre à un report de voix médiocre en faveur d’E. Ciotti. A partir
de là, si je mobilise les électeurs qui s’étaient portés sur Ségolène Royal
au second tour de l’élection présidentielle et qui ne sont pas venus voter
dimanche dernier, tout reste possible.
NP : Enfin, où serez-vous dimanche prochain lors de la proclamation des résultats
?
Patrick Allemand :A ma permanence du Port au 13 rue Bavastro, aux côtés des militants qui
m’ont porté là où je suis aujourd’hui.