Les statuts de l’UMP sont clairs : la présidence de la République perdue, le parti doit élire un nouveau patron, intronisé lors d’un congrès qui se tiendra au plus tard six mois après la présidentielle, entre le 30 septembre et le 30 novembre. Et l’opportunité aiguise les appétits. Quel sera le positionnement des hommes politiques locaux ?
Si Eric Ciotti a exprimé, tout de suite et clairement, son soutien à François Fillon, Christian Estrosi lui, qui se définit volontiers comme « gaulliste social », a récemment publié un communiqué le défendant des accusations qui lui ont été portées après une campagne électorale où les valeurs traditionnelles et le positionnement clair et sans ambiguïté vers le FN ont été quelque peu bradés.
Mais, Christian Estrosi est aussi un fervent partisan du retour en politique de Nicolas Sarkozy, même si, tactiquement, l’ancien président de la République et leader de la droite joue pour l’instant le Cincinnatus. Il sera toujours à temps, après les élections européennes de 2014 et en fonction du résultat, de poser l’aratoire et reprendre l’arbalète.
Positionnement tactique de chacun des deux par rapport à l’échiquier national ou premières fissures entre les deux poids lourds de la politique locale ? et quand on sait que Michèle Tabarot est une inconditionnelle de l’actuel secrétaire de l’UMP… On attend de voir comment les alliances vont se former, se déformer voire se réformer !
Avec la stature prise au cours du dernier quinquennat, l’ancien Premier ministre François Fillon est l’un des rares « hommes d’État » de droite à pouvoir postuler, en 2017, à la mandature suprême. Mais pour viser l’Élysée, il faut d’abord apparaître comme le chef de sa propre famille. Lui qui assure souvent ne pas avoir de plan de carrière aime aussi chasser les circonstances. En voilà une avec la présidence de l’UMP. Et c’est lui qui aura lancé les hostilités en assurant que son parti n’avait plus de « leader naturel » et qu’il se portait candidat pour combler ce vide.
François Fillon veut incarner une droite plus proche du centre, réformatrice, forte d’une conviction : La responsabilité en matière de gestion des dépenses publiques. Pour cela, l’ancien Premier ministre jouit d’un énorme capital sympathie auprès des parlementaires, malgré les soubresauts du quinquennat écoulé.
Ses chances sont très fortes. François Fillon est en tête dans les sondages, même si ces derniers ne sont jamais réalisés auprès des seuls militants UMP, ceux qui seront amenés à trancher. Sur le terrain, sa popularité est sans équivalent. Et en meeting, quand il prend la parole, avant ou après Jean-François Copé, il est toujours le plus applaudi.
Jean-François Copé, secrétaire général de l’UMP depuis 2010 après avoir été président du groupe UMP à l’Assemblée possède une ambition connue de tous et tous ont bien compris qu’il voulait rester le chef. Pour obtenir le poste, il tente de marcher dans les pas de Nicolas Sarkozy. Une droite décomplexée, moderne, qui est censée plaire aux militants. Il imagine d’ailleurs que l’élection interne se jouera à droite.
Le problème est que la large défaite aux législatives lui sera reprochée.
Depuis plusieurs années, notamment à la présidence du groupe UMP à l’Assemblée et puis à la direction du Parti , Jean-François Copé a tissé un puissant réseau.
Enfin, pour Alain Juppé la mission du futur patron « sera de diriger l’UMP, d’assurer la cohésion du parti dans sa diversité. ». Si le duel Copé-Fillon dérape, il sera là et pourra contenter tout le monde, il pourrait être poussé par de nombreux cadors pour prendre la tête du parti, en grand rassembleur.
Un fauteuil pour trois donc et si François Fillon part en favori naturel, nul doute que ses deux autres rivaux feront tout pour renverser la tendance.
L’été sera chaud au cœur de l’UMP…