Le quartier de la Croix de Marbre était avant le XVIII° siècle hors des limites de la ville. En 1461 les Franciscains Récollets fondent le couvent Sainte Croix afin de bien marquer leur différence avec ceux de la place saint François.
L’ordre des Récollets voulait rétablir la règle originelle et l’austérité voulue par le Poverelo, d’où le choix de ce quartier excentré. C’est ici qu’auraient dû se rencontrer : François 1° et Charles-Quint sous l’arbitrage du Pape Paul III le 18 juin 1538. Le Pape Paul III, ancien évêque de Vence, séjourne à la Croix de Marbre au couvent des Récollets. Cinq ans plus tard François 1°, allié des turcs de Soliman le Magnifique, assiège Nice.
S’il ne prend pas, selon la légende grâce à Catherine Ségurane, la citadelle, il dévaste les environs, les faubourgs et rase le couvent des Récollets. Il n’en subsiste qu’une croix de bois symbolisant le passage du Saint Père. La croix de bois sera remplacée en 1568 par une autre en marbre. Avec la révolution et la nouvelle invasion française, elle est abattue en 1793, relevée elle est détruite en 1881 et à nouveau redressée.
Depuis, elle symbolise la venue du Pape Paul III à Nice. Un autre pontife viendra à la Croix de Marbre, Pie VII revenant de captivité en 1814, il fut emprisonné par Napoléon 1°, rejoignant Rome il s’arrêta à Nice. On lui érige le 4 septembre 1823 une colonne face à la croix, inaugurant en même temps la place Croix de Marbre. La société des pères des missions africaines de Lyon, consacrée à Fourvière en 1856, souhaite s’installer à Nice. En 1872 les Pères achètent une partie de la propriété Barralis et font ériger un sanctuaire dédié au Sacré Cœur de Jésus.
En 1880 l’édifice est inachevé suite à de nombreux obstacles liés aux tracés des nouvelles rues d’un quartier en plein essor. Il y a aussi une rivalité avec la très proche église saint Pierre d’Arène. Puis ce sont les lois Jules Ferry qui chassent de France les congrégations. En 1894 les passions semblent s’être un peu calmées. Monseigneur Balaïn évêque de Nice autorise les Oblats de Marie Immaculée à s’installer dans ce qui n’est encore qu’une chapelle.
En 1903 les lois Combes chassent les religieux. Il faut attendre 1954 avec le père Gueguen, Breton obstiné, pour voir enfin la chapelle s’agrandir. La première pierre est posée le 15 novembre 1958 et l’église est inaugurée le 7 mai 1961. Elle devient paroisse un an plus tard.
Le Sacré Cœur de Nice ? Une église invisible, noyée au milieu des habitations. Il fut question sous la municipalité de Jacques Médecin en 1971 de la désenclaver en démolissant une maison sur la rue de France. La maison est toujours là et on a raison en parlant d’une église invisible.
Thierry Jan.