Thierry est pressé. Deux raisons. La première : il est 17h et le forum de l’emploi ferme dans une heure. La deuxième : à la fin du mois s’achève son CDD. Il est hors de question pour lui de ne pas travailler. Il s’occupait de la gestion d’une grande entreprise. Elle s’est restructurée il y a deux ans. Il a fait partie de la charrette des licenciés. Depuis, il enchaîne les formations. Il se reconvertit. Il connaît tous les logiciels imaginables et inimaginables ainsi que les différentes formules de chacun d’entre eux. Marié, deux enfants au lycée et au collège, il n’a pas besoin de chercher bien loin sa motivation : «Un salaire en moins dans la famille et c’est cataclysmique. J’ai des enfants adolescents qui ont énormément de besoins qui me paraissent parfois exagérés mais légitimes pour leur bien être. Et je ne vous parle même pas de leurs scolarités à payer. Dans un peu plus d’un an ma fille aura eu son bac et notre rôle de parent est de lui permettre de financer les études qu’elle souhaitera ». Il s’est bien habillé pour l’occasion. Costume noir, chemise blanche, rasé de près : Il n’a rien laissé au hasard. Il a coché les entreprises dans lesquelles il souhaite postuler. Il avoue avec malice avoir utilisé l’ordinateur de son travail pour élaborer son curriculum vitae sous les conseils de certain de ses collègues. En plaisantant sur la forme mais en critiquant sur le fond, il lance : «L’entreprise n’a pas les moyens de me conserver mais ils ont les imprimantes les plus performantes de la Côte d’Azur! J’en ai profité pour imprimer 30 cv…» Il coupe là l’entretien et commence son tour des stands de manière très conscienceuse.
Il y a eu plus de 8000 Thierry mardi à Acropolis. Ils sont jeunes ou moins jeunes, parfois en couple, parfois très bien organisés, parfois nonchalants. La majorité a redoublé d’efforts vestimentaires pour soigner l’apparence. Tous avaient prévu leur cv. Ils ont pu visiter 100 stands et 200 entreprises dans tous les secteurs d’activité. Les plus fréquentés étaient les agences d’interim, les métiers de l’armée (armée de terre, de l’air, Marine Nationale, Gendarmerie), la Police Nationale, les métiers de l’hôtellerie et de la restauration. 2700 emplois étaient à pourvoir. Si on se base sur les chiffres de l’an passé, 10% des visiteurs trouveront un emploi. Pour la première édition où 5000 demandeurs s’étaient rendus, sur 1800 emplois à pourvoir, 500 ont trouvé preneur dans les six mois. «Ce n’est pas un simple dépôt de cv, ce sont surtout des entretiens qui doivent être privilégiés et la rencontre entre un demandeur et un pourvoyeur. Le salon est généraliste. Tout le monde peut venir», explique un des organisateurs. Si tout est donc parfait pourquoi ne pas rendre plus fréquent ce type de forum? «Ce n’est pas aussi simple. Les entreprises ont beaucoup d’autres salons tout le long de l’année…»