Pour la deuxième fois, la ville de Nice a obtenu le label “ville engagée contre le sida” qui récompense les villes dont l’action contre l’épidémie du sida est exemplaire. Elle avait déjà obtenu ce label en 2018. Cette remise du label était également l’occasion d’aborder des thèmes tels que bien vieillir avec le VIH ou encore le VIH en période de pandémie du Covid.
Nice, «ville engagée contre le sida»
Ce label «ville engagée contre le sida», Nice le vaut bien et pour cause, elle a mis en place de nombreuses actions de lutte contre le VIH. Depuis 2016, elle est notamment adhérente à l’association des élus locaux contre le sida, fondée et présidée par Jean-Louis Romero-Michel.
La ville de Nice s’engage également auprès de l’association Corevih PACA Est qui regroupe le département des Alpes-Maritimes et une partie du département du Var et est impliquée dans son projet «Objectif Sida Zéro».
Ce projet «objectif sida zéro» a été transformé avec l’opération «au labo sans ordo» qui consiste à développer le dépistage du VIH en laboratoire sans ordonnance, sans rendez-vous et sans frais. Lancée le 1er juillet 2019 à Paris et à Nice, cette expérimentation a été, selon Erwann le Hô, vice-président de Corevih PACA est, «un pari réussi».
En effet, à Nice, ce sont 700 à 800 dépistages «au labo sans ordo» qui ont été effectués chaque mois depuis le lancement du projet, ce qui représente 7,2% des dépistages du VIH en laboratoire. Il précise également que ces 7,2% sont un volume supplémentaire, qu’ils représentent principalement des hommes hétérosexuels qui n’allaient pas se faire dépister du tout avant la création de ce projet.
La grande victoire de ce projet c’est qu’il va être déployé sur toute la France dès le 1er janvier 2022 et qu’il va être inscrit sur le plan de financement de la sécurité sociale 2022. Ainsi, toute personne en France pourra se faire dépister gratuitement et sans ordonnance dans tous les départements et dans tous les laboratoires.
Remise du label « ville engagée contre le sida » a la ville de Nice représentée ici par l’adjoint au maire Richard Chemla (en bleu à droite) et en présence de Jean-Louis Romero-Michel (en noir au centre). Opéra de Nice, le 25 novembre 2021.
Le sida en période de Covid
Le docteur Richard Chemla, adjoint au maire de Nice délégué à la santé, à l’écologie et au bien-être a qualifié le sida d’«épidémie silencieuse», en comparaison à celle du Covid-19.
Également présent lors de cette remise du label, Jean-Louis Romero a ajouté «le sida est toujours là mais on n’en parle pas. Le Covid a tout effacé alors qu’il est possible de travailler sur deux pandémies en même temps». Il a également rappelé que chaque jour, ce sont 2000 personnes qui meurent du VIH dans le monde et que pour que plus personne n’en meurt il faudrait «seulement» 28 milliards de dollars.
Il a également rappelé l’importance de la politique dans la lutte contre la maladie et a rappelé que la sensibilisation était primordiale notamment sur le dépistage mais également sur des pratiques telles que le chemsex (abbréviation de chemical sex : rapports sexuels sous l’emprise de drogue) qui favorisent la transmission du VIH.
«Le sida se soigne aussi par la politique. Il faut se mobiliser, il faut rappeler que l’on peut traiter deux pandémies en même temps» a-t-il poursuivi.
Le docteur Chirio, praticien hospitalier au CHU Nice, infectiologue et membre du Corevih PACA Est, a ajouté qu’au cours des mois de mars et avril 2020 – pendant le premier confinement – la délivrance des traitements PrEP (traitement donné aux personnes séronégative qui ont un risque élevé de contracter le virus) avait baissé de 28%. Les sérologies VIH (test de dépistage) ont quant à elles diminué de 16% sur cette même période.
Bien vieillir avec le VIH
En ce qui concerne le vieillissement des personnes séropositives, le docteur Richard Chemla a insisté sur l’importance du développement de l’éducation des personnels d’accompagnement dans les Ehpad, ainsi qu’ils prennent mieux en charge ces personnes séropositives qui ont désormais une espérance de vie égale aux personnes séronégatives.
Pascale Bastiani, séropositive depuis 183-85 a quant à elle alerté sur le fait qu’il faudra être vigilant à la sérophobie dans les Ehpad mais aussi dans les maisons de retraite ou CCAS, dont pourraient être victimes les personnes homosexuelles, transgenres ou encore toxicomanes.
En bref, s’il y a encore de gros efforts à fournir pour atteindre l’objectif de la fin du sida d’ici 2030 – pour lequel il faudrait que 90% des personnes se fassent dépister, que 90% des personnes séropositives soient sous traitement et que 90% de ces personnes soient sans charge virale – Nice reste une ville particulièrement engagée dans la lutte contre le sida.