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23 novembre 2024

Un TZR en colère

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Passage obligé dans le métier pour certains, choix pour d’autres, le statut de TZR (Titulaire sur zone de remplacement) est vécu différemment par les uns et par les autres. B., 27 ans est un jeune professeur d’Histoire -Géographie. Son statut lui, il ne l’a pas choisi. Il est TZR et ce depuis deux ans. Professeur à part entière, il est titulaire à titre définitif d’un poste en zone de remplacement, comme d’autres sont titulaires d’un poste fixe dans un établissement. Cependant, pour cette nouvelle rentrée scolaire, Benoît n’a pas de poste. Une situation qui l’incommode.


Quelle définition donneriez-vous au statut de TZR ?

Je suis un kleenex de l’éducation nationale. Un bouche trou. Je suis un professeur sans en être un. Pour moi, être TZR c’est avoir un travail sans avoir de fonction. J’ai l’impression d’être un parasite social.
J’ai une anecdote très révélatrice de l’importance que l’on attache au TZR. J’ai fait ma pré-rentrée, jeudi, dans le collège auquel je suis rattaché. Après avoir présenté les grandes lignes de l’établissement, le principal a fait l’appel du personnel enseignant, du personnel administratif et des ATOS. Chose incroyable : le principal a oublié d’appeler les TZR.
Je pensais que les TZR étaient la dernière roue du carrosse, mais finalement les TZR ne sont même pas dans le carrosse.

Vous êtes TZR depuis maintenant deux rentrées scolaires. Pouvez décrire le quotidien d’une personne ayant un tel statut ?

Je vis dans l’attente. J’attends de servir à quelque chose. J’attends que l’on m’appelle. Parfois, certains principaux usent et abusent des TZR, en ce sens où ils peuvent nous demander de faire des heures de CDI. Cependant, le métier de documentaliste nécessite l’obtention d’un concours. Ainsi, les Principaux de collège, en proposant aux TZR de remplacer les documentalistes, bafouent cette profession. Profession nécessaire à la vie éducative d’un collège. En ce qui me concerne, à partir de vendredi, à la demande du chef d’établissement je vais commencer à boucher un trou. En effet, un professeur de technologie est absent je récupère pour une heure ses classes. Je vais m’atteler à commenter la Charte informatique du collège ! Tout un programme

Pour la rentrée 2005-2006, il y a d’après le SNES, 1000 TZR dans l’académie de Nice, toutes disciplines confondues. D’où vient le problème du « trop de TZR » selon vous ?

C’est sûrement du au fait que des personnes incompétentes sont embauchées au rectorat de Nice. S’il y a autant de TZR, c’est qu’il y a un problème de gestion du personnel. Et puis, le problème vient également du fait que l’administration, faute de budget, n’implante pas des postes à la hauteur des établissements.
J’en veux au système. Nous subissons un système complètement désuet, pensé et mis en place par les soixante-huitard. Ils veulent que rien ne change. Et rien ne change.

Certains TZR ne travaillent pas de plusieurs mois, voire de plusieurs années. Avez-vous pensé à des solutions palliatives afin que les TZR n’effectuant pas de remplacement restent encrés dans le système éducatif?

Il faut que les TZR qui sont restés sur le carreau effectuent des tâches bien précises. Dans la mesure de leurs compétences, et sans prendre la place, bien sûr à d’autre personnes qualifiées (NDRL : Documentalistes). Dédoubler des classes, effectuer des heures dans les prisons, aider les populations des quartiers défavorisés, faire du soutien pour les élèves en grandes difficultés seraient quelques-unes des solutions.

Jeudi dernier, c’était la pré-rentrée, celle des professeurs. Lundi, celle des élèves. Comment vit-on une rentrée scolaire sans élèves ?

On se rappelle de la rentrée scolaire précédente. De ce formidable moment où on se découvre, où on apprend à se connaître. Une rentrée scolaire sans élèves est frustrante car selon moi, c’ est le plus beau moment de l’année. Je n’aurai pas connu l’anxiété de cette rencontre exceptionnelle.

Encadré sur le mouvement : « Les TZR en colère »

 Assommés par les nouvelles réformes depuis quelques années (pertes des points de bonification, affectation hors-zone, hors matières...) et convaincus que les TZR servent de cheval de Troie, pour introduire plus de flexibilité dans l'éducation nationale, un certain nombre de TZR ont décidé de réagir en se regroupant dans un collectif : « TZR en colère ».
 Leur combat concerne en premier lieu les TZR, mais également les précaires de l'Éducation nationale qui « subissent les dysfonctionnements du système de remplacement » , les enseignants titulaires en poste fixe «  qui commencent à payer quelques pots cassés » et les parents d'élèves qui « voient se dégrader le service public de l'éducation ».
 Leur but est dans un premier temps de fédérer leurs demandes autour d'un texte commun. Puis dans un second temps, de réfléchir aux actions à mener pour faire connaître leur problème de remplacement aux autres enseignants, parents d‘élèves et élèves.

Leur intention finale : porter leurs doléances auprès des rectorats voire du ministère.

Elsa Rigaudin

Auteur/autrice

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