Un murmure dans la vie, un vrombissement sur la piste. Brandon Maïsano, champion de France de Kart en catégorie minime est ainsi… « Je suis trop timide, c’est mon défaut, je le sais », avoue Brandon, Vallaurien de 12 ans et demi. Mais ce calme lui sert lorsqu’il pilote. Maîtrise totale et intelligence de course lui permettent à son jeune âge de contrôler ses adversaires. Mené, il sait se transcender. Menant, il gère sa course. En champion.
Il n’a que quatre ans lorsqu’il prend place pour la première fois dans un kart. Pendant que ses copains s’amusent sur des vélos à quatre roues, Brandon se délecte déjà à conduire sur le bitume d’une piste de kart. David Maïsano, le papa du fils prodige, raconte comment est né, le plus naturellement du monde, la passion de Brandon : « Je m’occupais d’une piste de kart à Fréjus. Il était normal que mon fils essaie cet engin. Il a aimé ». David adore la mécanique, il pilote en amateur et fait quelques compétitions. « Brandon a largement dépassé mon maigre palmarès. Depuis qu’il concourt, je ne monte plus sur un kart. Je prend plus de plaisir à le regarder ».
Et à gérer sa carrière aussi. Même pour des courses de jeunes, il faut avoir un staff, un budget. Pour jouer au football, un ballon et une paire de crampons suffisent, pour le kart c’est loin d’être aussi simple : « Cette année, en catégorie minime, la saison a coûté 30 000€. En 2006, il saute une classe et passe directement en catégorie Junior International. Il faut doubler notre budget. Nous sommes entrain de rechercher des sponsors pour nous aider ».
Fan de Fernando Alonso, le nouveau champion du monde de Formule Un, dont il admire la volonté de gagner, Brandon va s’en inspirer pour se frotter à des pilotes plus âgés et aguerris. La saison 2005 tout juste terminée, il est déjà en pleine préparation pour 2006. L’équipe LM Karting et le constructeur de châssis MG Kart lui ont mis au point un engin en adéquation avec le championnat junior. Il est entrain de le tester, d’enchaîner les tours de pistes pour s’habituer à sa nouvelle machine. « Au début, nous voulions juste que 2006 soit une saison d’essai, sans ambition particulière. Il est encore très jeune pour cette catégorie et maîtriser ce kart était compliqué pour les petits os et muscles de Brandon », appréhendait David. Mais Brandon est un garçon étonnant. A la grande surprise de ses proches, il bat les meilleurs temps au tour de plus d’un dixième sur le circuit de Brignoles où il s’entraîne régulièrement à raison de dix heures par semaine.
Brandon est déconcertant. L’air de rien comme quand il roule à Magny-Cours avec Michael Schumacher, Rubens Barrichello et Sébastien Bourdais. « Cela ne m’a rien fait de rencontrer Schumacher », précise Brandon. Timidité certainement mais aussi un côté détaché, naturel.
Dimanche dernier, il a effectué son premier tonneau, accident très spectaculaire en kart. Brandon aurait pu s’affoler. « Quand je l’ai vu faire ce tonneau, sur le moment, j’ai eu peur. Mais il s’est vite relevé. Il a ôté son casque et avait un sourire radieux », décrit le papa. Brandon est ainsi. Intimidé, il laisse son père raconter son accident, sans rien dire. Puis, il se lève discrètement et ramène son casque endommagé pour prouver la violence du choc. Un kart peut aller jusqu’à 120 Km/h. Mais rien ne l’effraie, il sait rester calme, comme les grands pilotes.
La tête sur les épaules mais aussi plein d’ambition, il s’imagine au volant d’une F1. « Une Renault comme Alonso », s’empresse de spécifier Brandon. Il ne se voit que pilote et sur les pistes, surtout le circuit de Monza qu’il connaît par cœur mais en jeu vidéo…
Sur un kart, quand le murmure de sa voix fluette se transforme en vrombissement rugissant, tout laisse à croire qu’un jour, Brandon Maïsano sera, lui aussi, un grand pilote.
Vincent Trinquat
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