Nice Premium : Frédéric Arnault, quelle est votre position sur les évènements qui ébranlent « la maison bleue » ?
Frédéric Arnault : En tant que supporter je suis vraiment triste de la tournure des évènements. Et pour avoir vécu une telle compétition je me demande comment l’on peut gâcher cette formidable chance de jouer la coupe du monde de football. Tous les joueurs de la planète entière rêvent d’y participer ! L’intérêt supérieur doit prendre le pas sur les objectifs personnels.
NP : Des joueurs qui décident de ne pas s’entrainer, cela vous inspire quoi ?
FA : C’est inadmissible ! A un tel niveau de compétition et de représentativité de la nation c’est choquant. D’autant que tous les sportifs de haut niveau savent combien cela peut s’avérer handicapant de manquer une séance d’entrainement. Et si vous ajoutez à cela le traumatisme psychique subi par le corps tout entier, la performance de mardi n’en sera que plus difficile. Ce sera au moins l’occasion de vérifier qu’ils ont des tripes, à minima !
NP : Imaginiez-vous que cela puisse se produire et pensez-vous que tout cela est loin d’être terminé ?
FA : Je n’aurai jamais envisagé qu’il puisse y avoir un tel « bordel » non seulement durant cette compétition mais aussi au plus haut niveau de la fédération. Compte tenu de mes 27 saisons de licenciés à la FFF, et pourtant je faisais partie de ceux qui n’hésitaient pas à s’exprimer pour donner un avis, il me semblait impossible d’imaginer une telle cacophonie tant dans la gestion des hommes que dans la communication, interne comme externe d’ailleurs. Et quitte à tout mettre à plat, il est à souhaiter que le nettoyage en grand, en principe réservé au printemps, se fasse durant l’été. De toutes les façons tout le monde s’accorde à dire que les langues vont se délier après l’élimination ou après le dernier match quel qu’il soit. Je crois que même un titre de champions du monde n’empêcherait pas une remise à zéro de tout. Mais j’aurais aimé que le sélectionneur ainsi désavoué par le groupe, prenne la décision de leur dire « puisque vous refusez ma séance d’entrainement, je n’ai plus rien à faire avec vous ! » et de quitter son poste. De toutes les façons c’est ce qui est prévu dans quelques jours, c’est ce que tout le monde souhaite depuis 4 ans. Mais là il aurait marqué des points et fait preuve de caractère. Je pense même que sa côte de popularité aurait fait un sacré bond en avant.
NP : Avez-vous déjà connu pareille situation dans votre carrière ?
FA : Non jamais, et surtout pour de telles raisons. Mais les arbitres de l’élite la saison passée ont également contesté le pouvoir fédéral pour un sujet qui n’était pas de leur ressort. Et là aussi la fédération n’a fait preuve ni d’autorité ni de fermeté. Cela n’augure rien de bon.
NP : Selon-vous quelles sont les principales raisons de cet échec retentissant ?
FA : La France entière, supporters, médias, dirigeants du football, contestait Raymond Domenech depuis l’été 2008. Il fallait bien un jour que les joueurs s’engouffrent dans la brèche devenue béante. Le sélectionneur était la porte de sortie idéale des joueurs pour se dédouaner d’éventuels mauvais résultats. Tant qu’il les a sélectionnés, ils l’ont soutenu pour être du voyage en Afrique du sud, puis avec les piètres résultats – pour ne pas dire indignes – enregistrés, il devenait si facile de lui faire porter le chapeau à lui tout seul en le contestant ouvertement. Et même si Anelka peut apparaître comme seulement l’expression de la tension interne qui régnait, n’oublions pas que ce n’est pas son premier coup d’éclat. Un proverbe italien dit « le loup perd le poil mais ne perd pas le vice ». En français on dirait « chasse le naturel il revient au galop ».
NP : Enfin, comment allez-vous vivre cette dernière rencontre face à l’Afrique du Sud ?
FA : Je ne la vivrai pas…Tout au plus je la regarderai comme j’ai regardé les matches des équipes qui ne me concernaient pas ! Dans mon esprit, je suis déjà dans la prochaine saison, en espérant un nouveau sélectionneur, cette fois « patron » de joueurs « professionnels » qui devront être les garants des valeurs du maillot « FRANCE ».