Mercredi soir, lors de la rencontre capitale en vue de la qualification pour la Coupe du monde en Allemagne, les maillots verts irlandais et les tuniques bleues frappées du coq étaient de sortie.
Il est 20h45 dans l’un des pubs du Vieux Nice. A quelques minutes d’une rencontre très attendue, l’établissement est envahi par les supporters venus des deux côtés de la Manche. Drapeaux irlandais pour les uns, maillots floqués Zidane pour les autres, au petit jeu du chambrage, les Français ont une longueur d’avance. « On va pas se laisser faire chez nous ! », lance un jeune tricolore enthousiaste. La pression monte…
Après une « Marseillaise » et un « Amhrán na bhFiann » (« le chant du soldat », l’hymne irlandais) plus beuglés fièrement que chantés par chacun des deux camps, le coup d’envoi est donné. Chaque apparition à l’écran de Roy Keane, l’emblématique capitaine du onze de l’Eire, est copieusement sifflée par la foule. Dès la huitième minute de jeu, les verts prennent leur premier carton jaune dans une bronca générale. Les fans irlandais, visiblement tendus pas l’événement, fixent l’écran géant et se font pour un temps moins entendre.
Deux coups francs, celui de Zidane sauvé in extremis par Given, le portier irlandais, et celui de Reid qui s’est écrasé sur le poteau de Coupet, ont eu le mérite d’enflammer l’ambiance. Les « visiteurs » se lèvent et chantent en chœur. De quoi donner des frissons à toute l’assistance. « Et encore, nous ne sommes que quelques dizaines ici, à Lansdowne Road, ils sont 40 000 à chanter comme nous », glisse Gary, dans un sourire franc typiquement britannique. A l’heure qu’il est, ça doit être chaud à Dublin.
Un peu d’Eire, ça fait Dublin
La mi-temps arrive peu après un carton jaune pour Roy Keane, très contesté par les Irlandais. Direction le comptoir pour tout le monde, il est temps de reprendre des forces. Dans ce match dans le match, il y a égalité parfaite. La bière coule à flots tandis que les actions chaudes repassent à l’écran. « Tu vois bien, Marcel qu’il y avait pas penalty ! »
64ème minute de jeu : l’Irlande du Nord vient de marquer face à l’Angleterre, et se dirige vers un succès historique attendu depuis 78ans. La nouvelle est accueillie par de longues embrassades côté Irlandais, par des rictus satisfaits chez les Français. Deux minutes plus tard, Henry marque dans un silence de cathédrale à Lansdowne Road. Les bleus exultent, chavirent, les adversaires sont verts de rage !
La fin du match ne sera que chambrages et cocoricos à tout va. « Et ils sont où… Et ils sont où les Irlandais… ». La France n’est pas encore en Allemagne, mais elle n’est pas passée loin de la correctionnelle, ce qui suffit au bonheur des supporters. Très fair play, les Irlandais félicitent leurs adversaires du soir et leur souhaitent bonne chance pour 2006. Le coup de sifflet final est donné par l’arbitre. C’était chaud…
Nicolas Pelazza