6H30, dimanche. L’heure est matinale, mais elle ne décourage pas le public d’Ironman. Pour la deuxième édition de ce triathlon à Nice, touristes et Niçois se sont rassemblés pour supporter les athlètes. De simples curieux viennent aussi s’ajouter à la foule. Histoire de découvrir ce sport « musclé ». Sur les estrades, éparpillés le long de la Promenade des Anglais, tous dirigent leur regard dans une seule et même direction : le bord de mer. Les concurrents représentant 49 nations, plongent dans l’eau. Leur objectif : nager sur une distance de 3,8 Km. Vêtus d’une combinaison sombre et d’un bonnet de bain orange, ils forment tout d’abord une masse homogène. Mais Les minutes s’égrénant, L’écart entre le premier et le dernier participant se creuse. Sur fond de musique rythmique, des pom-pom girls mettent de la couleur sur la plage. Les animateurs, eux, commentent la compétition en français et en anglais. Un véritable show que cet IronMan Niçois. 1062 au départ. Tous motivés, aucun découragé par l’ampleur de la difficulté qui en effraierait plus d’un : 3,8 Km à la nage, 182 Km à vélo et 42 Km à la course à pied. Des forçats de la mer et de la route. Des téméraires de l’effort. Des masochistes de la performance.
Le premier à sortir la tête de l’eau est Jean-Christophe Holzerny, spécialiste de la natation mais aucun favori n’est écarté après l’épreuve aquatique. Pas de répit, sitôt la mer délaissée, sitôt le vélo enfourché pour 180 Km de souffrances sur le chaud goudron de l’arrière pays azuréen. Le soleil s’éclipse et une mini tempête s’abat sur les triathlètes : vent, averses, tonnerres. Les routes deviennent glissantes mais rien ne découragera les sportifs, bien décidés à braver tous les éléments. Les meilleurs cyclistes masculins ont bouclé le parcours en moins de cinq heures et Edith Niederfriniger, la future lauréate transalpine en 5h46. Des chronos impressionnants qui ont impressionné Yves Cordier, l’organisateur : « Le parcours était très difficile. Certains le jugeaient même trop dur, mais j’avais fait le pari que les meilleurs l’accompliraient en cinq heures mais avec ces conditions, c’est extraordinaire. » Extraordinaire est le qualificatif qui convient le mieux. Tout est hors norme. La troisième discipline, le marathon, l’est tout autant. Après avoir nagé et pédalé, le Catalan Marcel Zamora, le vainqueur final, a couru les 42 kilomètres en 2h47 et Hervé Faure son dauphin en 2h48. Mariska Kramer, tenante du titre et deuxième en 2006, a mis 3h12.
Les 1062 partants, l’organisation, les 800 bénévoles, les nombreux spectateurs présents, dès 6h du matin, ont fait de cet IronMan, une parfaite réussite. Sur les 1062 au départ, 874 ont terminé le IronMan en moins de seize heures. Le IronMan France 2006 a donc consacré 874 « Finishers ». Le plus beau symbole de l’esprit de solidarité de cette compétition : alors qu’ils en avaient fini depuis près de six heures et qu’ils auraient pu rester sagement à se reposer dans leurs chambres d’hôtel, les meilleurs sont venus féliciter les derniers franchissant la ligne d’arrivée aux alentours de 22h30.
Réactions des lauréats au lendemain de la compétition :
Edith Niederfriniger, Italie (1ère en 9h56) : « J’ai terminé trois fois sur le podium. J’avais promis de gagner au moins une fois le IronMan France. C’est arrivé. C’est presque un rêve. Sur la partie vélo, j’ai effectué cinquante kilomètres toute seule puis Alexandra Louison (Ndlr : la régionale puisqu’elle est d’Antibes) m’a rejointe puis dépassée. Je savais que je pouvais recoller dans la descente puis l’attaquer. »
Mariska Kramer, Pays-Bas (2ème en 10h04) : « Je suis heureuse même si j’aurais préféré gagner. Edith était trop forte cette année. Je ne pouvais pas la suivre. Deuxième, c’est très bien : ça confirme ma « victoire surprise » de l’an dernier. A l’année prochaine. »
Martina Dogana, Italie (3ème en 10h13) : « C’est mon premier IronMan. Je ne pensais vraiment pas atteindre ce résultat. J’étais ici pour acquérir de l’expérience et je termine sur le podium ! Mais je suis très fatiguée… »
Marcel Zamora, Espagne (1er en 8h33, record de l’épreuve) : « C’est la victoire de la confiance. Sur tout le parcours, je me suis convaincu que tout était ok. Je suis extrêmement heureux, car sur un IronMan, tout peut se produire. La victoire concrétise une préparation de tous les jours. Elle récompense mon travail et mes proches. »
Hervé Faure, France (2ème en 8h36 et tenant du titre) : « Je suis deuxième, mais je suis satisfait. J’ai tout donné. J’étais à 200%. J’ai amélioré mon temps de l’an dernier. Marcel est parti vite sur le marathon et je pensais qu’il craquerait. Je suis un peu revenu, mais il a accéléré. Il a fait un IronMan splendide. »
François Chabaud, France (3ème en 8h53) : « Je n’avais pas le niveau des deux premiers. J’ai crevé. J’ai chuté dans le marathon où une moto de Sport+ m’a heurté le mollet, mais sans cela, ils auraient quand même été devant moi. Ce n’est que du positif de toute façon, car même si j’ai subi quelques déboires, cela endurcit le mental. »