Dimanche, les 29 skippers de la huitième édition de la course en solitaire, sans escale et sans assistance se sont élancés des Sables d’Olonne. Récit d’une journée unique.
Tout commence mercredi, quand un mail me donne un grand sourire : « vous êtes acceptés à bord d’une vedette presse, dimanche, pour le départ de la huitième édition. Veuillez retirer votre pass dès ce jour ». Pour une première expérience, un tout premier départ, c’est une chance d’assister sur l’eau à un tel événement. A 25 ans, jeune journaliste, c’est un vrai bonheur. Et dire que ça n’a lieu que tous les quatre ans…
Port Olona s’éveille
Il est à peine 8h quand mes petits yeux (oui je l’avoue) en prennent plein la vue. Le quai de La Chaume, en face des Sables d’Olonne, est déjà bondé. Les personnes arrivant, prennent place au 4e ou 5e rang, sans compter les centaines, que dis-je, les milliers de curieux sur les rochers. Et jusqu’au village, ce n’est qu’un flot de personnes qui vont patienter une heure pour apercevoir le premier skipper arpenter le mythique chenal sablais qui fait couler beaucoup de larmes à chaque départ.
Didac Costa ouvre le bal puis casse
Il est 8h42 précises quand le 60 pieds « One Planet One Ocean » quitte les pontons de Port Olona sous une vive acclamation de l’organisation. Le chenal retient alors son souffle puis acclame le skipper catalan qui part pour son premier Vendée Globe. Il s’en suivra des milliers de coups de corne de brume, d’applaudissements, de « bon vent » venant de 350.000 à 500.000 personnes selon plusieurs sources. En live ou à la télévision, les images sont superbes.
Roura superstar
Ironie du sort et de la place prise sur le quai du port de commerce, je me retrouve avec la famille du benjamin de l’édition, Alan Roura qui naviguera sur « La Fabrique ». Vêtus de rouge, drapeau suisse sur les épaules sans oublier l’indispensable cloche, la sœur du skipper immortalise le moment, larmes aux yeux. A 200m, Alan Roura entend alors les cloches secouées par ses cousins. Un beau moment de convivialité et de grande émotion.
A la seconde près
Le passage du chenal, même sur une vedette presse, est un moment particulier. Quarante minutes après le passage de Sébastien Josse, ils sont encore des milliers à être amassés sur les quais à applaudir tout ce qui passe. Une fois sur l’eau, le spectacle est saisissant. Les vedettes et zodiaques se comptent par centaines, le tout bien orchestré par l’organisation qui avait mis en place un plan drastique pour éviter tout incident. Chose faite
Après une grosse demi-heure de navigation, nous voilà sur le côté sud du plan d’eau, proche de la zone réservée aux monocoques et aux équipes. Les 29 concurrents vont tourner loin, au large, hissent les voiles, testent leur condition et à huit minutes de la libération, tout le monde se regroupe. Même sur la navette presse, la tension est là, elle se ressent. A 13h02, le Prince Albert II de Monaco donne enfin le départ. Paul Meilhat et Thomas Ruyant partent très bien…Bertrand de Broc lui, vole le départ et est obligé de repasser la ligne. Bon vent aux 29 fauves !
Josse premier vrai leader
Après une petite heure de course, c’est Sébastien Josse, sur « Edmond de Rothschild » qui mène la danse. A une petite centaine de mètres du leader, je dois dire que je suis impressionné par les foils et la vitesse qu’ils procurent à leurs utilisateurs. Les « non-foileurs » sont croqués un à un même si, au pointage de 22h, Riou et Meilhat (2e et 3e) font mieux que résister.
Sublimissime
Le ballet, sur l’eau, est un spectacle grandiose. Chaque concurrent est suivi par plusieurs bateaux. Derrière le nôtre Thomas Ruyant se démène pour garder sa place dans un temps exquis : soleil, 15 nœuds de vent et un mètre de houle. Le capitaine de la vedette « OGIA » lui aussi est aux aguets et passe d’un bateau à un autre pour satisfaire photographes et journalistes. On les emmènera durant une bonne heure. Et ce fut 70 minutes de pur plaisir.
Costa trop tôt aux pontons
Coup de tonnerre après une petite heure de course. Loin de la vedette presse, un bateau semble faire demi -tour. C’est proche de la côte, quand le réseau revient, que j’apprends le retour au port de Didac Costa pour une voie d’eau et des soucis de pilote automatique. Arrivée en fin d’après-midi, il devrait en avoir pour une journée. Dur départ pour le catalan.
Pour conclure, je vais citer des collègues photographes présents toute la journée près de moi : « j’ai fait la Coupe du Monde, couvert des buts de Messi mais un départ du Vendée Globe c’est incomparable… C’est nettement au-dessus ». Ils ont pensé tout haut ce que je voulais écrire. Rendez-vous début novembre 2020 !