Mardi soir, au musée national du sport, Médéric Chapitaux a tenu une conférence sur la radicalisation dans le sport. Sujet inconnu, il y a peu, le chercheur a démontré que le sport peut être une aide à la détection de futures personnes radicalisées.
Médéric Chapitaux, c’est 15 ans de gendarmerie, des années au ministère des Sports et à la direction nationale de kick-boxing, alors pour lui les questions de sécurité et de sport ne font qu’une. Mardi soir, sous l’impulsion de Philippe Manassero, président du comité départemental olympique, il a tenu une conférence sur le thème de la radicalisation dans le sport. L’objectif étant de prévenir, informer et exposer les travaux de recherche menés par le doctorant, selon lesquels tous les terroristes ont un lien avec le sport. Aucun d’entre eux n’a basculé à cause d’une pratique, mais tous ont fréquenté différents milieux sportifs. La conférence a donc pour but de lever le voile de l’ignorance sur un sujet sérieux. « Je veux que les acteurs dans les structures puissent distinguer les signaux de basculement. Ensuite, qu’ils puissent les signaler aux autorités compétentes », explique Médéric Chapitaux.
« Il y a une urgence sociétale et le sport ne fait pas exception »
Des frères Kouachi, en passant pas le terroriste de l’hyper-Cacher ou celui de Nice, tous ont un dénominateur commun, le sport. Tous sont issus de clubs, plus précisément de sports de combat. Ou encore dans des sports collectifs, comme celui qui a tué le prêtre à Saint-Étienne du Rouvray. Que ce soit en tant que licencié ou éducateur sportif. Être fiché S n’est pas un frein pour intégrer une structure sportive. Un trou dans la raquette comme aime le rappeler le conférencier. « Ce n’est pas normal et ce n’est plus possible. Mais une fiche de signalement ne constitue pas un délit, une condamnation. Et on ne peut pas jeter l’eau propre sur tout le monde. On doit trouver un maillage pour les identifier et former les gens pour accepter cette problématique » théorise l’ancien gendarme. Ce dernier organise d’ailleurs deux sessions de formation à Nice les 12 et 13 février, avant de transmettre son savoir ailleurs dans l’hexagone. « Le colloque et les journées de formation ont permis de prendre à bras-le-corps ces thématiques. C’est un phénomène nouveau que l’on doit appréhender et ces journées doivent permettre de prendre conscience et de parler de ces problèmes. Depuis les attentats de 2016, nous avons changé notre perception, et cela fait 2 ans que nous essayons de comprendre et faire comprendre ces sujets » se félicite le président du comité départemental olympique.
De la vigilance à tous les étages
Les sports de combat sont les plus touchés, mais sont loin d’être des cas isolés. Si ces derniers offrent un entraînement au combat et/ou une mise en relation avec des personnes violentes, les sports collectifs sont aussi très présents, le football notamment, qui par son universalité permet de rencontrer et tisser un réseau important. Edouard Delamotte, président du district de la Côte-d’Azur, en a bien conscience « La fédération française est une très grande structure. Nous ne découvrons pas le problème du radicalisme aujourd’hui. Par contre, comment le décortiquer et l’appréhender, oui. Nous avons, ici dans le département, maintenant les armes pour détecter les jeunes qui risquent de partir pour le djihad. À Nice, nous avons eu le cas de jeunes partis, maintenant, ils sont formés. Il faut continuer le maillage au sein du district, pour empêcher que cela se reproduise ».