Récupération de Donnèe
12.8 C
Nice
22 novembre 2024

La Tribune d’Eric Borghini : « FFF : attaques tous azimuts contre le DTN et le Sélectionneur National »

Derniers Articles

Ce commentaire de notre ami et collaborateur Eric Borghini, rappelle par la qualité supérieure de son lexique et sa logique impeccable et la profondeur de ses propos les fameuses interventions d’un autre avocat, Cicéron, au Sénat de Rome. Sa lecture nous permets de le faire suivre d’une citation du même Cicéron: « On ne saurait stigmatiser par trop d’expressions le vice de ces hommes souples et trompeurs toujours prêts à parler comme vous le voulez, non comme la vérité l’exige. »
En remerciant publiquement Eric Borghini pour sa contribution qui donne un clé de lecture fort intéressante sur ce dossier explosif , nous nous réjouissons de pouvoir l’offrir à nos lecteurs.


fff_borghini.jpg Le site Médiapart, manifestement très en pointe dès qu’il s’agit de « sortir du chapeau » de nombreux scandales médiatico-politiques, a choisi cette fois une nouvelle cible : la Fédération Française de Football en publiant le verbatim d’une réunion entre des techniciens, salariés de la FFF, qui s’est tenue il y a six mois le 8 novembre 2010 au siège parisien de la fédération. Avant d’aborder les problèmes de fond que posent ces révélations, je pense que l’on ne peut faire l’économie d’une analyse sur la forme.

Et d’abord le moment où paraît l’information. Comme par hasard Médiapart porte son estocade au moment précis où d’une part la Fédération française de Football est en pleine « révolution » (réforme complète de la gouvernance à, en réponse aux dysfonctionnements que chacun connaît ; où d’autre part le Président DUCHAUSSOY, qui est à l’origine de cette véritable « révolution culturelle » à la FFF réfléchit à son éventuelle candidature pour les élections du 18 juin 2011, (puisque sa gestion « de crise » des affaires fédérales depuis le 23 juillet 2010 peut être qualifiée de satisfaisante notamment dans la toute dernière période où il a su, avec finesse et diplomatie, faire adopter la grande réforme de la gouvernance de la Fédération) et que, enfin, celui qui est présenté comme son principal concurrent , Noël Le Graet , l’emblématique soutien inconditionnel d’un certain Raymond Domenech (celui par qui le scandale de Knysna est arrivé), n’est pas parvenu à obtenir le soutien des clubs professionnels membres de l’UCPF.

Car il ne faut pas être naïf, celui qui est visé par cette affaire est bien Fernand DUCHAUSSOY. En effet, c’est bien lui qui, notamment, a viré Raymond DOMENECH et refusé de transiger sur les exorbitantes indemnités de licenciement qu’il réclame, c’est encore Fernand DUCHAUSSOY qui a choisi le Directeur Technique National, François BLAQUART et confirmé le sélectionneur national, Laurent BLANC. C’est donc bien lui que l’on veut atteindre par cette nouvelle polémique pour l’affaiblir.

Ensuite, Médiapart opère en pratiquant un amalgame pour le moins suspect en assurant que les dirigeants du football français ont « approuvé dans le plus grand secret, fin 2010, le principe de quotas discriminatoires officieux », pour limiter la proportion de joueurs « noirs et arabes dans les centres de formation et les écoles de football ».
Or, il ne faut pas confondre les « dirigeants du football français » que sont Messieurs Fernand DUCHAUSSOY, Président de la FFF, Frédéric THIRIEZ, Président de la LFP, Bernard BARBET, Président de la LFA , tous bénévoles ainsi que les membres de leurs conseils d’administration ; avec des salariés de la FFF que sont Messieurs BLANC et BLAQUART qui, pour être des cadres supérieurs de direction, n’en sont pas moins des salariés de la Fédération et ne constituent en aucune manière « les instances dirigeantes » du football français !

Précisément les dirigeants nationaux du foot français comme les dirigeants locaux, comme je le suis moi-même tout comme mes collègues présidents de ligue et de district, n’ont jamais à aucun moment de près ou de loin donné des instructions écrites ou ne serait-ce que verbales à quiconque de pratiquer une politique technique discriminatoire, raciale ou ségrégationniste à l’endroit d’aucune ni d’aucun de nos licenciés !!! Croire ou simplement imaginer le contraire relèverait autant de la calomnie que de l’insulte. A cet égard, le procès amorcé contre la FFF et ses dirigeants est tout à fait extravagant, injuste et dangereux pour ceux qui l’ont initié car, le football n’acceptera pas d’être traité tel un paillasson sur lequel on peut impunément s’essuyer les pieds en colportant des contrevérités.

Enfin, dernier point purement formel, que penser de la méthode de travail qui consiste, pour des journalistes, à utiliser des propos enregistrés par un ou des participants à une réunion de travail, à l’insu de tous, et à les restituer, sortis de leur contexte, six mois plus tard, sans même prendre la précaution élémentaire de demander aux mis en cause leur réaction pour la publier en même temps que les propos incriminés afin que le lecteur s’y retrouve ?

D’autant qu’il est fort probable que celui ou ceux qui ont livré à cet enregistrement, et qui font donc très certainement partie de la DTN, ont à l’évidence un intérêt personnel ou professionnel à « régler des comptes » en s’attaquant à BLANC et BLAQUART. Nous nageons dans les eaux troubles des règlements de comptes ! La plus grande prudence s’impose donc à nous.

Sur le fond maintenant.

Les propos captés et rapportés verbatim par Médiapart seraient les suivants : « Laurent Blanc: Qu’est-ce qu’il y a actuellement comme grands, costauds, puissants? Les blacks (…) Je crois qu’il faut recentrer, surtout pour des garçons de 13-14 ans, 12-13 ans, avoir d’autres critères, modifiés avec notre propre culture (…) Les Espagnols, ils m’ont dit: “Nous, on n’a pas de problème. Nous, des blacks, on n’en a pas”.»

Erick Mombaerts: Est-ce qu’on s’attelle au problème et on limite l’entrée du nombre de gamins qui peuvent changer de nationalité?

Laurent Blanc: Moi j’y suis tout à fait favorable.

François Blaquart: On peut s’organiser, en non-dit, sur une espèce de quota. Mais il ne faut pas que ce soit dit.

Erick Mombaerts: Donc il faut 30% ? (…) Il y a bien des clubs comme Lyon qui le font dans leur centre de formation.

Francis Smerecki: Je dis: première chose, c’est discriminatoire. ».

Sortis de leur contexte ces propos peuvent donner lieu à toutes les interprétations possibles. Ce que je sais est que ni Laurent BLANC, ni François BLAQUART ne sont des racistes. Toute leur carrière en témoigne. Que l’expression utilisée, dans un contexte non public, puisse avoir été maladroite ou trop réductrice d’un débat, par ailleurs réel, c’est certain. Mais qu’il y ait eu de la part du sélectionneur national ou du DTN une volonté délibérée de se placer en dehors des lois de la République et en dehors des lois du sport et du football relève de la manipulation et cela je n’y crois pas un seul instant.

A cet égard, je salue la décision du Président DUCHAUSSOY d’avoir confié à deux personnalités très engagées dans le football : Messieurs Laurent DAVENAS, Avocat Général près la Cour de Cassation et Président du Conseil de l’Ethique de la FFF; et Patrick BRAOUZEC, Député de la SEINE SAINT DENIS, Président de la Fondation du Football, le soin de mener une enquête interne et de rendre leurs conclusions sous huitaine.

C’est la garantie d’une écoute équitable de tous les protagonistes de ce dossier et d’une enquête administrative « à charge et à décharge » qui permettra aux instances compétentes de prendre, le moment venu, la décision dictée par le droit et par l’honneur.
Soit un cadre d’Etat a bafoué nos valeurs communes, soit il ne l’a pas fait. Et d’autres avec lui. L’enquête déterminera les responsabilités des uns et des autres.

Il conviendra donc alors, et seulement à ce moment là, de trancher dans un sens ou dans l’autre. Cessons donc, d’ici là, avec cette pratique de plus en plus usitée d’instruire des procès à la méthode « stalinienne » en substituant les médias aux prétoires, en méconnaissant le plus élémentaire des devoirs dans une démocratie à savoir le respect de la présomption d’innocence !

Il reste que nous sommes face à un double débat réel, délicat et à forts enjeux pour le futur de notre discipline qui porte sur la question de la double nationalité des joueurs sélectionnables en Equipes de France et sur la définition de ce que doit être le football français de demain.

Sur la double nationalité, la question posée est la suivante : quid des joueurs binationaux que nous sélectionnons en « jeunes », qui intègrent les Equipes de France, qui appartiennent à un groupe que nous portons, formons, élevons jusqu’au niveau « France-Espoirs » et qui, au moment d’être sélectionnés en Equipe de France A, optent pour une sélection nationale autre que la France ? Je regrette mais cette question se pose. En décliner les termes ne relève ni de la discrimination, ni du racisme, ni de la ségrégation, ni de la xénophobie, ni de l’ostracisme, ni de rien d’autre que de s’interroger sur l’avenir du football français et de ses performances à l’international dans les grands tournois mondiaux ou européens.

Cependant, peut-on raisonnablement demander à un enfant MINEUR de 12 ou 13 ans de choisir son pays ? N’est-il pas déjà trop tard ? Demander à un Français de jouer pour la France est-elle la preuve irréfragable de notre échec en matière d’éducation et de citoyenneté (école, famille, etc) ? Comment demander à un jeune de 12 ou 13 ans de choisir sa nationalité alors qu’il est mineur et que certains n’ont même pas encore de carte d’identité, même s’ils sont Français ?

Ces questions aussi, se posent.

Le foot français n’a pas d’équivalent. C’est l’activité sociétale où la réalité Républicaine fonctionne le mieux, où elle avance le plus vite. Il suffit d’ouvrir les yeux. Avant de faire un procès injuste à la FFF sur ce thème, il aurait fallu le faire à d’autres groupements comme les grandes entreprises, ou encore la représentation nationale, la politique etc…Et que ceux qui sont si prompt à jeter la pierre aux autres commencent par balayer devant leur propre porte !

Il ne faut pas oublier que les jeunes sélectionnés en Equipes de France sont Français. En parlant de « noirs et d’arabes » c’est déjà une manière de ne pas les reconnaitre comme Français. Cela instaure, de fait, une relation de « colon » à indigène. Dès lors comment attendre de ces jeunes de choisir le maillot bleu (c’est à dire d’affirmer leur citoyenneté française) alors que d’un discours maladroit naît une confusion qui les renvoie à une histoire peu glorieuse de la France.

Presque tous les jeunes sélectionnés souhaitent être appelés en Equipe de France A. S’ils choisissent de répondre au pays de leurs parents c’est pour des raisons purement sportives : jouer une Coupe du Monde. Sous quelques maillots que se soit. Car c’est important et constitue une plus-value dans une carrière de footballeur.

De plus il faut garder à l’esprit qu’en jouant sous le maillot de pays aujourd’hui « amis » de la France, ces jeunes font le lien avec notre histoire et il faut s’en réjouir. Ce sont des ambassadeurs du football français. Notre formation offre des débouchés à ces enfants qui sont les nôtres, c’est leur avenir. En retour, il y a une reconnaissance de la qualité de la formation « à la française » et de l’attractivité de notre pays (joueurs et entraineurs par exemple Nasser SANDJAK, né Français a été appelé à diriger l’équipe Nationale d’Algérie à la CAN 2000. Il a été formé en France).

Le football français forme des élites pour ces pays comme la France le fait dans d’autres domaines (médecins, ingénieurs…). C’est dans l’ordre des choses et c’est très bien ainsi car cela contribue largement au rayonnement international de la France. Vouloir aller coûte que coûte dans le sens contraire de la vie ne peut que conduire vers l’obscurité et les ténèbres de l’histoire.

Sur ce que doit être le profil du football français la question posée est la suivante : veut-on pour l’avenir un football plus technique ou toujours plus physique et athlétique ?

Suivant la réponse donnée à cette question les critères techniques de sélection peuvent changer. Par exemple si le choix se porte sur un football plus technique que physique la sélection se fera sur des joueurs de gabarit moins athlétique, à forte explosivité etc. Est-ce à dire pour autant que seraient introduits des critères raciaux, religieux, discriminants où ségrégationnistes ? Non seulement je ne le pense pas un seul instant mais je trouve ce type de question totalement absurde. Car pour reprendre l’hypothèse avancée par Médiapart, il me semble qu’il existe des joueurs « noirs » ou « arabes » qui courent vite et qui ont des petits gabarits ! A l’OGCNice Côte d’Azur nous avons eu l’exemple de Bakari KONE. Quand aux « grands costauds », ils existent tout autant chez les « blancs »…L’actuel sélectionneur national en constituant le meilleur exemple.

Toute cette polémique, indigne nauséabonde et scandaleuse, traduit une volonté masquée d’affaiblir la DTN, l’Equipe de France, la Fédération et son Président. Car je suis bien placé pour témoigner que depuis plus de 35 ans que j’œuvre pour le football, notre Fédération a toujours mené une politique fraternelle d’intégration de tous les enfants, quelle que soit leur race, leur religion, leur condition sociale.

Les contrats d’objectifs que nous réalisons chaque saison comportent un volet systématique sur la lutte contre le racisme, l’antisémitisme, le sexisme, l’homophobie, la xénophobie, les violences et les incivilités. Fernand DUCHAUSSOY a imposé, lors des Etats Généraux du Football des 28 et 29 octobre 2010 parmi les trois thèmes abordés, celui du « rôle social et citoyen » du football. Et nous même, ici sur la Côte d’Azur, nous mènerons une action en association avec la LICRA le 27 juin 2011 au sein de la Maison d’Arrêt de NICE.

Alors décidément non, le football n’a de leçon de civisme, de républicanisme, et de fraternité à recevoir de personne.

Maître Eric BORGHINI
Président du District de Football de la Côte d’Azur
Vice-président de la Ligue de la Méditerranée
Chevalier dans l’Ordre National du Mérite
Médaille de Bronze de la Défense Nationale et des Services Militaires Volontaire
Médaille d’Or de la Jeunesse et des Sports.

Auteur/autrice

spot_img
- Sponsorisé -Récupération de DonnèeRécupération de DonnèeRécupération de DonnèeRécupération de Donnèe

à lire

Reportages