Le Rugby Niçois renaît. L’aigle s’est transformé en Phoenix. Mercenaires, individualistes, prétentieux, trop riches, pas assez « rugby » : les mots doux prononcés par les détracteurs du RNCA ont trouvé dimanche dernier aux arboras une réponse cinglante aux inadaptées attaques. Sous un temps pluvieux et sur une pelouse boueuse, et surtout contre Romans leader de la poule, menés de quatorze points à vingt minutes de la fin, les rugbymen azuréens ont tu les reproches entendus ici et là. Les genoux à terre ou les mains sur les hanches pour récupérer après chaque action : les trente acteurs ont tout donné. Le match a été d’une intensité rare à ce niveau. Les deux équipes sont à féliciter pour ce beau spectacle.
Les 2000 spectateurs devenus supporters au fil d’une improbable remontée ont tremblé lorsque l’ouvreur Drômois Guilhot eut le coup de pied de la gagne à la 86ème minute. Il échoue. L’arbitre siffle. Un scénario renversant. Une ambiance digne des phases finales. Des sourires d’espoir sur tous les visages. Les mêmes étincelles de fierté et de joie mêlées dans les yeux des joueurs, des dirigeants et des supporters. On appelle ça la symbiose, l’alchimie. En mots plus simples : « c’est beau un club de rugby qui gagne ! » Surtout à Nice, ville en carence d’émotions rugbystiques depuis de trop nombreuses années.
L’effectif est jeune et a été chamboulé à la fin de la saison dernière. Les recrues estivales et hivernales ont un état d’esprit irréprochable. Qu’on soit Sud Africain et au club depuis seulement quelques semaines ou Niçois formé « à la maison », la victoire contre Romans a été vécu de la même façon. Les joueurs se sont surpassés et transcendés. Ils ont communié entre eux et avec le public. Les supporters supportent, les dirigeants dirigent, l’entraîneur entraîne et les joueurs jouent. C’est la priorité. Dimanche, Olivier Achaintre, le coach Niçois voulait du jeu. Avec audace et ambition, les joueurs en ont envoyé aux quatre coins du terrain pendant 80 minutes malgré l’enjeu. Une défaite aurait amenuisé les chances de montée en Fédérale 1, antichambre du rugby pro. Ils ont montré qu’ils avaient un jeu complet et plaisant. Quinze jours plus tôt, à Grasse, ils avaient joué sans prise de risque, se concentrant sur une résistance courageuse face à la puissance des avants Grassois. Contre Romans, le RNCA a osé. On a cru jusqu’à la pénalité de Rudi Dames qu’on allait paradoxalement leur reprocher d’avoir trop joué. Une mauvaise relance avait coûté trois points en fin de première période et une attaque amorcée de leurs propres 22 mètres avait été sanctionnée d’une interception et d’un essai.
Aujourd’hui, le club gagne sur tous les niveaux : sur le plan sportif en étant premier de la poule, sur le plan du jeu et, c’est lié, en proposant du spectacle et en provoquant l’adhésion des spectateurs, sur le plan du développement sportif autour de Julien Schramm, Philippe Buchet et Christian Baldacchino, sur le plan du marketing grâce à Paul-Henri Safayan. Avec professionnalisme et authenticité, en s’inspirant des recettes qui ont permis à Max Guazzini de faire monter dans l’élite de l’Ovale le Stade Français, le rugby Niçois relèvera le défi. Tous les voyants sont au vert. Espérons pour le rugby niçois qu’ils le soient jusqu’au dernier match. Il est impératif de réaliser un meilleur parcours que Romans pour accéder à l’échelon supérieur. Toutes les rencontres à venir seront décisives. Et les supporters, comme dimanche, peuvent transcender le XV azuréen. La différence se fera peut-être là.
Le RNCA a besoin du peuple Niçois comme seizième homme.