La gazette locale titrait hier: » Rugby-Le RNCA en salle d’attente ». Avec tout le respect pour le grand quotidien régional, Nice Premium préfère ce titre : ‘Le RNCA sous la tente à oxygène’ tant la situation du club est dramatique avec une rétrogradation sportive actée en Fédérale 3 pour raisons financières et l’épée de Damoclès de la dissolution du club que le Tribunal pourrait délibérer le 19 mars prochain. Un véritable cauchemar ovale !
Nice Premium a largement couvert cette lente agonie avec un scénario écrit depuis bien longtemps entre insuffisances des uns et ambitions des autres, égo et complots, maitres à penser et anciennes gloires locales, jeux de pouvoir et coups fourrés, anges sauveurs et tricheurs … Bref, toute une panoplie de personnages que même William Shakespeare, auquel pourtant la fantaisie ne faisait pas défaut, aurait pu réunir dans une de ses pièces.
Voilà où nous en sommes aujourd’hui. Avec l’incertitude que dimanche prochaine l’équipe première se déplace à Châteaurenard, les Pitchounettes à Grenoble alors qu’il n’y a pas encore une décision définitive quant au maintien du Tournoi Baie des Anges programmé le 1er avril (Sic) prochain, une référence dans le monde des écoles de rugby françaises !
D’où la prise de position de l’opposition municipale avec son leader Patrick Allemand à l’attaque de Christian Estrosi et de son adjoint aux sports Gilles Veissière accusés d’être responsables, directement ou indirectement, de la situation telle qu’on la connait.
Acte d’accusation qui, après une longue chronologie des faits (voir encadré), se termine par des questions directes et brûlantes qui vont droit au problème : La Mairie était à connaissance de faits qui mettaient en évidence, dès le début, l’inconsistance du projet Tordo-Deffins et donc aurait été complice d’un échec avec les graves conséquences que l’on imagine aisément ?
Voici donc ce que Patrick Allemand demande :
– Pourquoi Christian Estrosi et Gilles Veissière ont-ils soutenu le projet de Tordo-Deffins en étant parfaitement informé des états de service de Monsieur Deffins qui conduit le rugby niçois en fédérale 3, malgré une débauche d’argent du contribuable ?
- Pourquoi Gilles Veissière a-t-il repoussé l’offre de reprise de Pascal Coste, chef d’entreprise niçois, passionné de rugby, qui lui avait réussi à Montauban en faisant remonter le club dans le Top 14, qui présentait des garanties, et qui, lui, est à la tête d’une entreprise en pleine expansion, et amenant un pool d’investisseurs ?
Pour conclure enfin : « Christian Estrosi et Gilles Veissière doivent des explications aux contribuables niçois ».
En fait, la Mairie a déjà répondu, il y a quelques semaines avec un communiqué publié par Nice Matin en assurant toute neutralité dans la vie du club et refusant le fait d’avoir eu un rôle actif dans l’évolution des débats internes, y compris le changement de direction du club intervenue après des mois d’opposition menée par un groupe minoritaire (Catoni-Tordo) en Assemblée Générale et au Comité Directeur.
Il se trouve que des faits avérés prouvent le contraire et ce, encore plus, après la lecture de l’extrait du procès verbal du Conseil Municipal du 21 décembre 2011 lors duquel furent votés les subventions aux clubs sportifs, parmi lesquelles celle à faveur du RNCA de 740 000 euros.
Voici la réponse de M. Veissière à la question de Christine Dorejo :
« Depuis ces personnes ont laissé la place à des nouveaux investisseurs qui ont pris le dossier à bras le corps et qui, je l’espère, nous permettrons enfin de voir le bout du tunnel.
Nous étions dans les 13 ans de présidence et surtout d’un Comité Directeur de plus de 40 personnes. Il était compliqué d’y voir clair dans cette association. Nous sommes revenus à un conseil de 9 personnes, ce qui est plus agréable pour travailler rapidement.
Nous avons les garanties d’accompagnement aussi bien des partenaires privés que des collectivités locales.
Voici ce que je pouvais dire sur le rugby et les questions posées par Madame Dorejo et les participants« .
D’après ces propos, il semblerait que Gilles Veissière était plutôt bien informé sur ce dossier, confiant sur sa validité et pas étranger du tout à la vie du club et son fonctionnement.
Pouvons-nous dire alors qu’il était solidaire, sinon facilitateur de l’arrivée de MM. Deffins et de Jeff Tordo qui, ces mêmes jours, fut interviewé à la télévision régionale et menaça l’ancien président Christian Baldacchino d’assignation en justice ?.
Voilà pour le passé et le présent. Et le futur ?
Il est hors de question que le rugby, dont on oublie trop souvent la présence quasi centenaire dans la capitale azuréenne, disparaisse dans sa fonction la plus noble : L’éducation des jeunes, la transmission des valeurs d’amitié, de solidarité, d’entraide, de courage et parfois d’abnégation qui en font un sport à nul autre égal.
Et, si la mode est de faire partir tout projet du top, l’équipe fanion qui doit servir de locomotive pour les wagons du convoi, il s’agit, aujourd’hui, d’inverser le modèle et repartir de l’école de rugby, des équipes de jeunes et des féminines pour une refondation totale sur des bases saines et solides.
Tourner la page. Ecrire une nouvelle histoire sur des feuilles blanches en faisant bien attention de garder son âme, voici le chemin qui fait regarder en avant et laisse derrière une fois pour toutes les mesquineries des anciens combattants qui parfois ne sont dignes de leur glorieux passé.
C’est pour cela qu’on ne peut qu’être d’accord avec ceux qui proposent la constitution d’un nouveau club où les éducateurs, dirigeants bénévoles et parents puissent avoir un rôle central et constituer le levier d’une gouvernance future d’un club « nouveau » (dans tous les sens du terme). Et pourquoi pas avec une femme (et maman) comme présidente ?
Patrick Allemand s’est déjà exprimé favorablement pour cette option, refusant celle qui voudrait l’OGCN absorbe le rugby, après l’avoir fait avec le handball , avec objectif de constituer un super-club qui regrouperait l’élite niçoise (rumeur de projet qui circule dans le monde du sport niçois et auquel on attribue la paternité à l’adjoint aux sports).
On attend à présent l’opinion, celle-ci décisive, du Maire de Nice. On est en droit d’espérer qu’après tant d’errements, que, cette fois-ci, Christian Estrosi n’écoute pas les sirènes de tant (trop ?) de conseillers qui ont fait preuve de si peu de clairvoyance et qu’il sache choisir le chemin pour aller doit entre les perches !
Et si pour une fois on mettait de côté les rivalités politiques et les intêréts partisans pour ouvrer pour une juste cause commune?