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25 novembre 2024

Quatre ans : une olympiade (4/4)

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Tous les acteurs le savaient dès le premier jour, même si beaucoup prétendaient le contraire : la préparation des Jeux de Paris 2024 allait être politique. Au moins les premières années, avant d’entrer dans une phase plus opérationnelle.


A quatre ans de l’événement, les faits confirment la prédiction. Certes, les athlètes participent au débat. Mais leurs voix peinent à se faire entendre derrière celles des dirigeants politiques. La « révision de projet » annoncée par les organisateurs pour la rentrée ne devrait pas inverser la tendance. Elle s’annonce même comme une foire d’empoigne entre le COJO (Comité d’Organisation des Jeux Olympiques) et les élus des territoires concernés.

Comment s’équilibre le rapport de force ? Après les sports, les sites et le marketing, la question de la gouvernance.

Ce qui a été accompli

Le casting. Fait peu fréquent dans un futur pays-hôte des Jeux, les principaux acteurs de la candidature sont toujours dans la place. Et, événement tout aussi rarissime, ils n’ont pas changé de siège. A Lima, la délégation de Paris 2024 était menée par Tony Estanguet et Bernard Lapasset pour le comité de candidature, Anne Hidalgo pour la ville de Paris, Valérie Pécresse pour la région Ile-de-France, Denis Masseglia pour le comité national olympique, Emmanuelle Assmann pour le comité paralympique, Laura Flessel pour le ministère des Sports.

Trois ans plus tard, la photo de famille a peu changé. Bernard Lapasset a reculé d’un cran. Il a laissé Tony Estanguet assurer seul la présidence du COJO, pour s’installer dans un rôle plus consultatif de président d’honneur. Emmanuel Assmann a quitté elle aussi la scène, remplacée par Amélie Le Fur à la présidence du comité paralympique et sportif français (CPSF). A la Mairie de Paris, l’adjoint aux Sports et au Tourisme, Jean-François Martins, très impliqué dans la candidature puis lors des premières années de la préparation des Jeux, s’est également effacé. Sa place est occupée depuis les dernières élections municipales par l’ancien rugbyman Pierre Rabadan. Roxana Maracineanu a succédé à Laura Flessel au ministère des Sports.

Pour le reste, le casting est demeuré identique. Au COJO, surtout, les postes-clés ont peu changé de mains. Etienne Thobois (directeur général), Michaël Aloïsio (directeur de cabinet de Tony Estanguet), Jean-Philippe Gatien (directeur des sports), Marie Barsacq (directrice impact et héritage), Sophie Lorant (directrice des relations internationales), Anthony Piqueras (directeur des sites et infrastructures), Lambis Konstantinidis (directeur planification et coordination, relations CIO/IPC), étaient tous de l’aventure de la candidature. Ils tiennent aujourd’hui, avec une poignée de nouvelles recrues, les rênes de l’attelage.

Même stabilité à la SOLIDEO, où Nicolas Ferrand dirige toujours la manœuvre. En revanche, Michel Cadot a succédé le mois dernier à Jean Castex, le nouveau Premier ministre, comme délégué interministériel aux Jeux olympiques.

Ce qu’il reste à faire

Maintenir l’équilibre. Le casting a peu changé, certes, mais la belle unité de façade affichée pendant la longue phase de candidature semble aujourd’hui plus fragilisée que jamais. Et les mois à venir, avec la « révision de projet » annoncée par Tony Estanguet, pourraient bien fissurer la maison.

Le président du COJO ne s’en cache pas : la nécessité de trouver 3 à 400 millions d’économies imposera une refonte de la carte des sites. Elle fera des victimes, et par extension un lot de mécontents.

En Seine-Saint-Denis, plusieurs élus n’ont pas attendu les premières annonces pour s’exprimer dans les médias. Stéphane Troussel, le président du département, résume la crainte générale. « S’il faut avoir des Jeux moins bling bling, pourquoi pas, mais je suis très surpris qu’à chaque fois qu’on pense économie, on cible la Seine-Saint-Denis », a-t-il suggéré début juillet au micro de France Bleu.

Volontairement en retrait pendant la campagne des municipales, Anne Hidalgo entend bien peser sur les futurs arbitrages. Surtout, elle est bien décidée à faire respecter ses prérogatives et son autorité. Elle l’a signifié à sa façon, par une phrase lourde de sous-entendus : « Le COJO doit comprendre qu’il ne peut pas décider tout seul. »

La maire de Paris insiste : « Les Jeux de Paris 2024 interviennent dans une période post-COVID, après le report des Jeux de Tokyo. C’est une affaire d’État, pas juste une affaire de fédérations sportives, même si les Jeux sont d’abord des épreuves sportives. »

Dernière zone d’ombre, elle aussi susceptible de menacer l’équilibre : le CNOSF. Denis Masseglia, son président, rendra les clefs de son bureau en juin 2021. Il est atteint par la limite d’âge (70 ans). Trois noms circulent pour lui succéder : Michel Vion et Patrice Martin, respectivement présidents des fédérations françaises de ski et ski nautique ; Thierry Rey, un autre personnage clé du COJO Paris 2024, où il occupe un rôle de conseiller.

Aucun des trois hommes n’est officiellement candidat. Aucun des trois, non plus, ne semble a priori représenter un risque pour l’engagement et la fidélité du mouvement sportif français à l’égard des Jeux de Paris 2024. Mais dans un équilibre des forces fragilisé par la crise sanitaire et ses conséquences, le moindre faux mouvement peut entraîner une chute.

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