Côté terrain, la saison est en train de se terminer avec au programme un match à Marseille, contre une équipe fantôme, rétrogradée dès le début de la saison et qui assure sa présence par obligation règlementaire avec ses seuls joueurs amateurs.
Une saison mi-figue mi-raison qui laisse un goût d’inachevé , une 7 ou 8ème place sans gloire avec le sentiment (de regret) que, sans les déboires sociétaires, l’histoire aurait pu être bien différente.
Alors, ce déplacement à Marseille aura l’air de vacances, un bon entrainement avant le retour à son chez-soi, un au-revoir qui dans certains cas pourrait signifier plutôt un adieu et bonne chance. De quoi sera fait le futur d’un club dont on affiche toujours son potentiel futur mais qui passe de crise en crise ?
Côté coulisses, Midol (la bible de l’ovale) nous informe que » plusieurs dossiers sont arrivés dans les mains des décideurs du RNCA et sur les bureaux de la mairie qui, après avoir joué à de multiples reprises les pompiers de service désire s’assurer de la cohérence de la reprise ».
La mairie – nous avons bien lu ? – Mais on croyait que celle-ci , comme ses responsables avaient déclaré de la manière la plus convaincue, ne pas s’intéresser du tout à la vie du club laissant toute initiative et décision au Président et à son équipe élue par l’AG.
Ah les Pinocchio ! Pour quelle raison nient-ils une vérité que tout le monde connait, comme si c’était une faute et non un juste devoir de veille. Et cela est vrai même quand on prend pour acquises les fausses vérités ou on se trompant d’homme et de sujet.
C’est si douloureux de reconnaitre une erreur ?
Mais continuons la lecture : « Et il semble aujourd’hui que deux candidats tiennent la corde. L’un d’eux , selon certains échos venus de Languedoc, ne serait autre que Thierry Perez, vice-président de la LNR et ancien grand manitou du rugby à Montpellier. Le même qui par le passé avait déjà eu à ferrailler avec une vieille connaissance du RNCA… Philippe Deffins°. Pour sûr, la venue de cet homme loué par la qualité de son travail et sa patience, à l’origine de l’envol au plus haut niveau du MHR, serait une bénédiction pour le ballon ovale niçois ».
S’il ne fait aucun doute que Thierry Perez est de toute autre pointure que Philippe Deffins, quelques interrogations doivent être posées en toute transparence et notamment :
- Quel est le projet sportif et les moyens financiers pour le soutenir ? On a toujours bonne mémoire des objectifs mirobolants de Philippe Deffins (Pro D2 en trois ans et Top 14 dans les trois ans successifs) et des investissements prévus et soit-disant garantis (1.100.000 euros pour la première année et en augmentation dans les années suivantes) pour en terminer quelques mois après avec une démission par courrier « pour raisons professionnelles. Quant à l’argent promis…
- Qui sont les hommes qui dirigeront le club ? les mêmes comploteurs anti-Baldacchino, les mêmes complices et garants de Deffins et son projet bidon ? Malheureusement, un passé glorieux sur le terrain ne fait pas de son homme un manager sportif compétent et à la hauteur de la situation, surtout si celle-ci est complexe et difficile. L’expérience montre qu’il faut se méfier des pithécanthropes itinérants, ces âmes perdues à la recherche d’elles-mêmes.
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Pourquoi Thierry Perez, qui est montpelliérain et très engagé dans l’activité de la LNR à titre de mandataire du club de Montpellier (Il avait été question de sa candidature au poste du Président. A-t-il abandonné cet objectif ?) devrait s’investir à Nice ? Quelle est la raison de cet intérêt au rugby niçois ? Professionnel ( il est promoteur immobilier) ? Ambition de prendre un club aujourd’hui dans l’ombre et le porter vers la lumière?
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Quels sont-ils les investisseurs qui l’accompagneront dans cette aventure? Parce que si Thierry Perez est certainement une personne financièrement aisée, nous ne pensons pas qu’il soit en condition d’investir beaucoup d’argent personnel dans le RNCA. Pourquoi nous disons-nous cela? Parce que s’il avait pu ou voulu le faire, il l’aurait fait à Montpellier qui, tout à fait sentimentalement, est « son » club. Nous pensons qu’il n’aurait pas laissé la place aux présidents qui lui ont succédé grâce à un apport de capital d’une certaine consistance.
Bien sûr, les besoins d’argent d’un club de Fédérale 1 ne sont pas les mêmes que ceux d’un club ambitieux de Top14… mais l’attrait non plus.
Les bons vendeurs savent qu’il est plus facile de vendre de l’or que du toc et il est, de toute évidence, que Nice et Montpellier ne jouent pas dans la même catégorie comme les résultats le montrent bien dans presque toutes les disciplines sportives. Encore une fois, les compétences de Thierry Perez ne sont pas en doute mais on voudrait juste comprendre.
Pour mémoire, à ce jour le RNCA est en sursis de rétrogradation en F3 pour des raisons financières et de mise en liquidation par le TGI pour la même raison. Le club doit faire face à un déficit important (en partie héritage des saisons précédentes et plus largement dû à un manque d’argent en compte capital pour le bidonnage du projet Deffins-Tordo).
Avant d’assurer un budget pour la saison prochaine à la hauteur de ses ambitions (+/- 2 millions d’euros), une somme importante ( 1 million ?) doit être trouvé pour combler le budget de la saison en cours et pouvoir continuer à vivre.
Les futurs investisseurs assumeront-ils une situation comme celle-ci ?
Parce que le tintamarre tumultueux qui a accompagné la vie du club ces derniers temps ne doit pas faire oublier un bilan oh combien calamiteux (un exemple flagrant : l’annulation du Tournoi Vicat Baie des Anges, le fleuron de l’école de rugby, création de Serge Patuano).
Deux autres considérations quant à la venue de Thierry Perez, fortement souhaitable si toutes les conditions sont remplies, avec le souhait d’un projet clair et à moyen terme et la mise en place d’une équipe dirigeante compétente.
La première : N’y a-t-il pas conflit d’intérêt entre la position de Vice-Président de la LNR mandaté par le club de Montpellier et celui de futur président ou actionnaire ou homme fort du RNCA ? Et cela, au delà des aspects strictement juridiques mais plutôt comme situation de fait et de morale ?
La deuxième : Il est notoire que Thierry Perez est le gendre du Président du Conseil Général de l’Hérault, M. Vezinhet, celui-ci étant socialiste. On peut légitimement penser que le gendre soutient politiquement son beau-père, de plus connu comme homme influent du département. Peut-on penser que la Mairie de Nice, principal bailleur de fonds et partenaire financier indispensable (vital ?) du club dans le futur en tout cas d’espèce, n’a pas pris en compte ce fait ? Doit-on penser que le prétendu recul de la Mairie dans la gouvernance du club arrive au point de soutenir un candidat-investisseur d’une (probable) autre sensibilité politique ?
Bien sûr, on connait la réponse: Gentlemen, please, il ne faut pas immiscer la politique dans le sport.. et ainsi soit-il !
Mais comme elle est parfois drôle l’histoire : Après avoir âprement bataillé contre Patrick Allemand pour les accusations de celui-ci à son égard quant à la prétendue ingérence de la Mairie dans « l’affaire Coste », Christian Estrosi pourrait avoir la surprise de voir son opposant socialiste avoir à la tête du club un investisseur auquel on pourrait mettre l’étiquette d’une sensibilité commune !
Si force est de reconnaître que l’espérance de vie des certitudes se réduit singulièrement, il est aussi vrai que l’avantage du pessimisme est celui de n’avoir que de belles surprises !