Samedi 10 septembre. Le Stade du Ray accueille 14 000 spectateurs. Nice reçoit les Verts de Saint Etienne. Un match chaud entre deux clubs réputés pour la ferveur de leurs supporters. Frédéric Piquionne, l’attaquant Stéphanois, profite des largesses de la défense Niçoise pour inscrire l’unique but de la rencontre.
Samedi 22 octobre. L’AJ Auxerre se déplace sur la Côte d’Azur. Deux équipes rassurées. Les Auxerrois, après leur large victoire face à Troyes 3-0 se positionnent à la 4ème place à un seul petit point du second, le PSG. Les Niçois, peu à l’aise à domicile, engrangent des points à l’extérieur. Après trois points pris au Stadium de Toulouse et au Parc des Princes, les aiglons ont ramené un point mérité de leur déplacement au stade Félix Bollaert de Lens. Nice-Auxerre : sans aucun doute le premier tournant de la saison pour les deux équipes. Les Rouges et Noirs comptent sur leurs supporters pour les pousser dans ce match décisif…
Mais voilà… Les deux équipes entrent sur la pelouse. Le monde du silence. On entend Jean-François écrire sur son calepin la composition des deux équipes, Dominique prendre l’antenne…On entend même les mobylettes pétaradant sur l’Avenue du Ray. 22 acteurs pour un huis clos. Deux metteurs en scènes et les critiques de cette tartuferie en deux actes en tribune de presse. En trois mots comme en mille : Un Silence Assourdissant.
Les raisons sont connues. Revenons à ce 10 septembre. Rappels des faits : des feux de Bengale allumés. La fumée retarde le coup d’envoi de Nice- Saint Etienne. A l’issue de la rencontre, « plusieurs dizaines de supporters niçois, en une action concertée et préméditée, sont allées provoquer des supporters Stéphanois ». La commission de la Ligue Nationale de Football sanctionne et Nice joue donc contre Auxerre à Huis Clos.
Le foot, théâtre des temps modernes
Jean-Paul Sartre dans son Huis Clos s’inspira de la mauvaise foi et de l’égoïsme des hommes, fils conducteurs du concept Sartrien. Il serait osé de faire un raccourci entre une pièce de Sartre et un match de football. Par contre 90 minutes d’un match suffisent pour être convaincu que tout affrontement, toute adversité dans notre société permettent d’en entrevoir les maux. Tous les acteurs d’un match (joueurs, entraîneurs, arbitres) sont de mauvaise foi parce qu’ils pensent détenir la vérité. Ils jouent une pièce et ils en écrivent le scénario gestes après gestes.
Ce suspens attire les foules, déchaîne les passions. Mais cette passion sera absente des tribunes samedi. Les supporters Niçois tenteront d’approcher au plus près du stade. Tels des souffleurs au théâtre, ils ont besoin d’être proches de leurs acteurs favoris pour leur éviter des trous de mémoires mais surtout pour leur faire sentir leur présence, pour les rassurer. Ils devront toutefois user de stratagèmes, s’inspirant d’Ulysse et son cheval et de l’épopée homérique, pour se rendre aux abords du stade et faire entendre leurs encouragements. Des renforts policiers sont prévus mais du haut des immeubles ou depuis le parking adjacent, ils supporteront le gym et les couleurs rouges et noires.
Le club a toutefois précisé dans un communiqué officiel que « l’OGC Nice a pour obligation de respecter certaines contraintes et notamment celle d’interdire tout spectateur dans l’enceinte du stade. En cas de non respect des prescriptions, le match ne pourra se dérouler et sera donné perdu au Club ». Les supporters se doivent également d’éviter tout débordement à l’extérieur du stade pour le bien du club qu’ils chérissent.
Quant au match Nice-Auxerre, l’épilogue sera connu vers 21H50
Vincent Trinquat