Jean-Pierre Dick a terminé son tour du monde et en solitaire en franchissant la ligne d’arrivée aux Sables d’Olonne lundi à 16h05. Une remontée difficile de l’Atlantique mais le Niçois s’est accroché après son avarie de quille. Retour sur le parcours du skipper de Virbac-Paprec 3 sur le Vendée Globe.
Même si Jean-Pierre Dick ne termine qu’au pied du podium alors que la troisième place lui était promise, il aura marqué les esprits des ses concurrents mais également de tout le monde de la voile. Les gens en ont conscience, le skipper de Virbac-Paprec 3 a fait un exploit en ralliant, avec tous ses pépins, Les Sables d’Olonne en 86 jours, 3 heures, 3 minutes et 40 secondes.
10 novembre dernier, à 13h02 départ de l’aventure pour le skipper niçois et des 19 autres concurrents de cette nouvelle édition du Vendée Globe. La descente vers le Portugal et les Canaries ne posent pas trop de problème à Virbac-Paprec 3. Après quelques jours dans le Pot au Noir, zone connu des navigateurs pour ses vents changeants, le skipper prend une route d’Est dans la descente de l’Atlantique-Sud au large des côtes brésiliennes. Une tactique payante alors que ses concurrents prenaient une trajectoire plus directe, mais qui va s’avérer moins fructueuse, vers le Cap de Bonne-Espérance. Il garde son rythme de croisière dans l’Océan Indien.
C’est après le passage du Cap-Horn que les choses se gâtent. Le marin perd des mille nautique précieux sur Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) et François Gabart (Macif), toujours leader. Le début 2013 ne commence pas sur le bon pied. Le skipper de Virbac-Paprec, entreprise de son défunt père, doit échanger son ciré contre le tablier du bricoleur. Il essaie tant bien que mal de réparer son loop ainsi que le hook endommagé qui l’empêchait de faire descendre son gennaker (voile d’avant intermédiaire, entre le génois et le spinnaker asymétrique). Pour réparer, Jean-Pierre Dick a du monter sur son mât à plus de 27 mètres de hauteur sous une forte houle. Après quelques heures, il peut reprendre sa route vers la Vendée.
Il réussit à grappiller un peu de son retard et pointe désormais à 330 mille nautique du leader mais reste sur la menace du Britannique Alex Thomson (Hugo Boss). Un espoir de bon augure vu les vents que connaît le marin depuis quelques jours. La remontée de l’Atlantique se passe bien, sans accroc avant ce lundi 21 janvier. Le marin a tout simplement perdu la quille de son bateau à 1700 mile des Sables. Un véritable coup dur. Cet outil indispensable pour la dérivation et la flottaison du bateau met le skipper dans une situation délicate. Que faire dans une telle situation ? L’idée lui travers forcément l’esprit d’abandonner mais le Niçois ne s’est pas avoué vaincu. En jetant l’ancre à San Ciprian, l’azuréen a pu prendre le temps de réfléchir à sa décision. Il a avoué que c’était dur et qu’il fallait faire preuve de vigilance pour ne pas mettre le bateau en difficulté. Et aussi en profiter pour se reposer, se ressourcer.
Les derniers jours de mer ont été éprouvants. Le skipper a décidé, dans une logique tout à fait compréhensible, de se mettre à l’abri mais pas question d’abandonner surtout à quelques mile nautique de l’arrivée. Le règlement du Vendée globe est clair, un concurrent peut mouiller et donc ne pas être exclu tant qu’il n’utilise pas d’aide extérieure. D’après les commissaires de course , « en utilisant son moteur uniquement pour sécuriser la manœuvre d’amarrage et pendant une durée très courte (3 à 4 minutes), le skipper a agi en bon marin et n’a tiré aucun avantage de son infraction aux articles 13.2 et 13.3 de l’Avis de Course En déplombant puis en utilisant son moteur lors de son amarrage à une bouée ». Le jury a conclu que l’infraction de VP3 est mineure.
En longeant les côtes espagnoles et françaises, le Niçois a pu rallier la Vendée, au bout deux semaines d’efforts et d’incertitudes et en reprenant sa route ce dimanche à 8h21. Ils étaient nombreux à l’accueillir sur le chenal des Sables d’Olonne à 16h05, heure à laquelle il a franchi la ligne d’arrivée. A l’image de Yves Parlier sur le Vendée Globe 2000, qui avait démâté et fini la course avec un bateau de gréement, Jean-Pierre Dick rentre ainsi dans le cercle de ces marins courageux, téméraires. Le Centre Nautique de Nice peut être fier de son protégé. Loïck Peyron l’a surnommé le « Gentleman Skipper ».
Définitivement, Chapeau Monsieur !