Si l’arrivée semble désormais à portée de tir pour Alexia Barrier après 105 jours passés en mer, il faut rester sur ses gardes dans cette dernière partie de course au large des Acores, le tout à quelques encablures de son domicile.
Si l’anticyclone de l’hémisphère Nord se cale dans le sud des Açores, comme c’est souvent le cas cette année, c’est que le train des dépressions a pris sa place. « En hiver, ces dépressions qui se forment sur la côte Est des USA ou au Canada circulent très bas et peuvent se succéder à un rythme élevé, avec seulement 36 à 48 heures entre deux passages de front, explique Christian Dumard, consultant météo du Vendée Globe. Cette succession rapide des dépressions génère une houle résiduelle dans l’Atlantique Nord. Les hauteurs de vagues sont parfois similaires à celles rencontrées dans le Grand Sud. »
Actuellement Alexia Barrier fait face à une mer assez agitée avec des vagues d’environ trois mètres de hauteur ce qui n’est pas très confortable à la vue de sa situation physique. « Je fais le minimum, juste pour avancer correctement et assurer la sécurité du bateau. Hier matin c’était opération empannage au large des Açores. Une manœuvre que je redoutais un peu vu les douleurs du moment. En faisant tout doucement ça s’est bien passé. Ma douleur au dos est stable, ce n’est pas génial mais je ne suis plus qu’à 1 000 milles de l’arrivée, et il n’y a que ça qui compte ! J’arrive à gérer avec les médicaments prescrits par le docteur de la course Jean-Yves Chauve. »
En attendant c’est système D à bord du bateau. « Je me déplace à quatre pattes ou en rampant, je trouve des combines! Je ne peux pas marcher sur le pont car pour marcher, je dois me tenir avec les deux bras pour soulager mon dos. Quand tu marches sur le pont il faut gainer pour ne pas se casser la figure et c’est impossible pour moi. Mais j’arrive à rouler une voile ou à prendre un ris, même si je prends 10 fois plus de temps que d’habitude. Je suis au portant, le bateau ne tape plus, j’ai de la chance. Ça avance tout seul, ce n’est pas comme si je devais virer de bord toutes les heures. Je n’ai plus que cinq ou six jours de mer, je ferai des examens pour voir ce que j’ai à l’arrivée. »
Pas le temps de se reposer, le « Pingouin » trace sa route en direction des Sables d’Olonne bien barré par sa skipper courage qui serre les dents, montrant une fois de plus sa combativité et son envie de plus en plus forte d’en finir avec son premier Vendée Globe.