A 53 jours du grand départ des Sables d’Olonne, le Vendée Globe présentait ses skippers et ses nouveautés au Palais Brogniart, à Paris. L’occasion de rencontrer Jean-Pierre Dick, le skipper niçois qui prendra son quatrième départ le 6 novembre prochain.
Nice Premium : Cette année, vous avez pris la 3e place de The Transat puis la 10e de la course New York-Vendée (après avoir fait demi-tour le premier soir). Qu’avez-vous appris ?
Jean-Pierre Dick : J’ai appris à mieux connaître mon bateau, son exigence. J’ai mieux appréhendé la difficulté de cette course, j’ai situé mes réponses avec ce 60 pieds (appelé IMOCA, un bateau long de 18,28m). J’ai lancé mon projet en 2004, c’est la première fois que je le lance si tard. C’était important de pratiquer dans les conditions du réel pour la préparation (il a passé environ 25 jours en course).
N.P. : Cet été, durant un entraînement, vous avez touché un pêcheur. Un contrecoup important ou un simple incident ?
J-P.D : Non ce n’était pas un coup dur mais on a dû rentrer le bateau en chantier. J’ai pu faire d’autres choses à terre. Le bateau est sorti il y a 5 jours, il est remâté, les voiles sont mises et vendredi (demain) je pars pour 5 jours en mer.
N.P. : Qu’avez-vous fait durant ce mois où le bateau était en réparation ?
J-P.D : J’ai fait la partie scolaire, c’est-à-dire réviser le road-book (que l’on peut traduire par livre de route) avec le dossier météo, la stratégie etc… C’était un gros travail de fond, j’y ai passé plus de temps que les éditions précédentes. Et il y avait la préparation de « l’impréparable » : les réparations d’urgence, de moteur, tout ce qui peut casser en course. J’ai aussi travaillé sur moi avec une préparation physique intensive. C’est un challenge, après 50 ans (il aura 51 ans le 8 octobre) d’être encore très compétitif.
« J’ai envie d’y aller »
N.P. : A 7 semaines du départ, où en êtes-vous ? Où en est l’équipe, le bateau ?
J-P.D : Ce qui est sûr, c’est que la passion qui m’anime est intacte. Pour l’anecdote, en 1976, j’ai passé ma première nuit en mer alors que j’entrais en sixième. En arrivant sur la Corse en partant de Nice, une force en moi est née : la passion pour la mer. Mon point de départ. Pas un seul jour je me pose la question si j’ai envie d’aller en mer.
Repartir sur un Vendée Globe reste un privilège et une émotion très forte. C’est dur, le travail est immense avec l’équipe mais maintenant j’ai envie d’y aller, je passerai cette ligne de départ et je l’espère celle d’arrivée.
N.P. : Vous êtes né à Nice, vous y vivez. Comment avez-vous appréhendé les tragiques événements du 14 juillet ?
J-P.D : Je pars avec cette sensation de me libérer par rapport à cette contrainte. Aujourd’hui, l’angoisse est là pour ma famille, mes amis. Des personnes de mon sponsor ont été touchées dans cet attentat à Nice (la société Virbac) donc ça me touche particulièrement. Cet événement m’a retourné car c’est proche de chez moi, c’est ma ville, c’est moi.